J’ai rencontré Samer Zakharia.

Chaque mois, je partage avec vous une découverte solaire. Un.e pourfendeur.euse de dragons. Créateur de MAISON FLAMEL et Maison Douze, les nouveaux must-have de la parfumerie et des cosmétiques de luxe, Samer Zakharia, 33 ans, associe alchimie astrologie et beauté dans une cosmogonie toute personnelle.

BK: Avez-vous découvert le secret de la pierre philosophale ?

SZ : Le secret de la chose oui. La pierre en elle-même non.

BK : Vraiment ?

SZ : Je pense que la pierre philosophale existe matériellement. Je pense qu’il est possible de transformer le plomb en or, je pense qu’il est possible de marcher sur l’eau,  je crois  absolument que tout ceci est possible. Mais pas seulement. Je crois que cela a déjà été fait. Sera probablement refait. Ceci nécessite une quantité d’énergie spirituelle immense. Avec tout ce que cela implique : travail sur soi, synchronicité, discipline… En même temps, Il faut que cela reste un jeu ! C’est une reconnexion avec le merveilleux, comme les enfants savent le faire…

Maintenant, est ce que moi je l’ai fait ? Non. Parce que je suis encore trop imbu de ma personne, parce que je suis trop jeune, que j’ai encore besoin de me réaliser matériellement, dans mes créations, mon travail. C’est peut-être ce que je ferai dans une deuxième partie de ma vie !

BK : Pourquoi avoir baptisé votre marque MAISON FLAMEL plutôt que Maison Hayyan, Maison Le Grand (deux grands alchimistes du 8ème siècle et 13ème siècles Ap. J. -C.)  ou même Maison Zakharia ?

SZ : MAISON FLAMEL. Cela rime avec Chanel. (rires) J’avais arrêté de travailler dans des grands groupes (L’Oréal, LVMH) et je commençais à réfléchir à mon projet. Le nom m’est venu d’un seul coup. (si c’est trop laborieux ou recherché, ce n’est pas un projet de cœur). Je me disais… cela sonne bien MAISON FLAMEL, il y a le F, comme dans flamme, c’est doux,  il y en a qui disent Flamme El, flamme de Dieu… A partir du moment où j’ai eu cette idée en tête, des choses ont commencé à se produire. Des rencontres incroyables, des voyages, une aventure. J’adore les aventures.

BK : Votre profil personnel sur Instagram vous présente comme « brand designer ». D’autres vous qualifient par ailleurs (vous-même également) d’alchimiste contemporain. Y a-t-il une relation voire une équivalence entre brand designer et alchimiste ?

SZ : Oui, c’est le même métier ! L’alchimiste est un forgeron qui sépare les principes, les réunit, les distille… en travaillant l’alchémille (une plante), je sépare le soufre, le mercure puis je les combine…Dans le mot design on retrouve cette notion de construction, d’architecture mais aussi d’intention. Le dessein. A dessein. ‘Designed to be in a certain way’. J’ai d’ailleurs un parfum qui s’appelle ‘A dessein’. C’est ce qui me caractérise. Je mets beaucoup d’intention dans ce que je fais. Je le comprends aujourd’hui. Je me rends compte que c’est grâce à cette marque que je me transforme, j’évolue, je me change. Elle est un pré-texte. Elle annonce ou préfigure quelque chose d’autre et cela s’effectue en deux étapes. La première liée à la création, la femme, le beau puis la seconde, spirituelle . C’est une quête.

BK : Vous êtes diplômé de HEC Paris, avez exercé comme marketer chez LVMH et L’Oréal. Comment en êtes-vous arrivé à élaborer ces élixirs de soin et de beauté un peu magiques 😊 ? Avez-vous aussi une formation d’herboriste ou/et de chimiste ?

SZ : Quand je dirigeais l’usine où s’élaborent mes produits, je me livrais à des mélanges très intéressants 😊 Mon miel micellaire par exemple. (une des références les mieux vendues au Bon Marché à Paris) Je l’ai mis dans un mélangeur. Puis je l’ai donné au chimiste en lui disant : c’est ce que je veux. 

Mais je ne suis pas chimiste, je suis créateur. J’ai l’outil de création absolu : ma parole ! La parole, c’est Mercure, Hermès, le dieu central de l’alchimie. Les gens avec lesquels je travaille me le disent : « quand tu nous demandes quelque chose, on le comprend de manière très claire ». C’est ce que j’adore dans ce que je fais.

Le Spa MAISON FLAMEL à l’Hôtel Bel Ami, Paris 6ème

BK : L’Athanor -four alchimique et aussi le nom de votre maison de bien être dans le 6ème arrondissement-, l’alchimie (art savant des mélanges) sont autant d’éléments plaçant les notions de transformation et de transmutation  au cœur de votre univers. Transformation/transmutation de quoi en quoi ? Quel est l’enjeu de cette transformation ?

SZ : Au contact de la pierre philosophale, la matière se transforme, se sublime. Transformer le plomb en or c’est aussi d’un point de vue spirituel transformer la matière en lumière. Cette lumière qui transforme un visage…

BK : Vous connaissez un succès foudroyant : lancement de MAISON FLAMEL en 2016, référencement au Bon Marché, création de votre spa à l’hôtel Bel Ami, introduction de votre marque à Monaco, Maison Douze, votre parfumerie astrologique en 2020…tout cela en moins de 6 ans . Les initiées parisiennes raffolent de vous ! Vogue, Les Echos, Elle et d’autres vous ont consacré des articles. S’agit-il là aussi d’alchimie ? Quel est votre secret- au-delà d’un marketing mix sans faute ? Des projets d’expansion à l’international ?

SZ : L’étape du Bon Marché a été une étape importante. J’ai obtenu un rendez-vous avec l’enseigne 8 mois après leur avoir offert quelques échantillons. Un rendez-vous qui devait durer 30 minutes et s’est transformé en une conversation de trois heures. Mes produits y ont été référencés. A l’époque j’avais un petit rayon. Je vendais moi-même mes produits. Puis on y a  placé l’appareil à oxygène (oxygène à la base de mes produits cosmétiques) pour faire une animation. Il y est toujours. En 2018, je dirige l’usine qui fabrique mes produits… En  2019 MAISON FLAMEL devient la marque numéro des ventes en skin care au Bon marché.

Mon secret ? C’est assez prosaïque. MAISON FLAMEL marche parce que cette maison touche à l’essentiel de la beauté.  Moi je pense que le but principal d’un produit de beauté, c’est de rendre belle ou beau. Pas de se fourvoyer dans des discours marketing. Est-ce que cela me donne une belle peau ? Est-ce que cela me permet de devenir forte pour divorcer ? (une cliente me l’a confié). D’alléger la souffrance ? Une cliente m’a par exemple dit « C’est la première fois que je me trouve belle depuis longtemps » après un deuil difficile. C’est l’essence de ce que je fais.

Des plans d’expansion ? Il y a pas mal de choses en vue : un stand dédié au Printemps à Doha dans quelques mois dans la partie « Iconic brands » aux côtés de Dior et de Chanel ( !!!), au Printemps Haussmann en 2023, l’ouverture d’un autre spa à Paris…. Mes produits ont été évalués par les meilleurs experts R&D de l’industrie. Ils voient en MAISON FLAMEL un potentiel global, c’est encourageant.

BK : Ce parcours stellaire a probablement été jalonné de défis, de difficultés. Surtout avec une proposition de valeur aussi différenciante (cosmétique, astrologie, alchimie). On parle moins de ces moments-là. Pouvez-vous m’en dire quelques mots ? Comment les avez-vous surmontés ?

SZ : J’ai besoin de me sentir à la hauteur dans ce que je fais (même si avec l’âge, on dépasse tout cela, on transcende, on est moins dans la récompense et la punition). Je suis donc dans une angoisse permanente. En plus le produit parfait n’existe pas… Il peut ne pas plaire, la formule peut être top mais pas stable en production . Il y a eu plusieurs moments difficiles.

Les gens vous vendent du rêve. Certains m’ont dit : « je mets 300 000 Euros dans ta boite » : ils ont disparu du jour au lendemain. Ou « Tel grand groupe hôtelier va référencer ta marque » . Mais finalement non. J’étais déçu. J’étais dans la colère, la trahison, l’égo. Un peu diva. Après on travaille sur soi.  On comprend qu’il ne faut pas avoir un désir triangulaire. Croire que les autres croient en ce qu’on fait. Les investisseurs croient au profit, et c’est très bien.

Ce qui m’a aidé à repartir, c’est ma foi. Et aussi les propos de ma mère : « quoi que tu fasses, ne perds jamais confiance en toi-même ». Je me suis accroché à ça.

BK : Le but ultime de l’alchimie, c’est la pierre philosophale : la panacée et aussi l’élixir de jouvence. Rester jeune ou l’immortalité sont-ils une fin en soi ? Quel est votre regard d’alchimiste contemporain sur cette question ?

SZ : On est dans une ère de désir et faire croire que c’est le contraire est faux. Il vaut mieux être jeune et riche que fripé et pauvre. Et même si la jeunesse est un état d’esprit et un entretien, l’élixir de jouvence est toujours recherché ! Mais il faut éviter l’excès en toute chose. La femme panthère est d’ailleurs présentée  comme un monstre (le monstre c’est ce qu’on montre) : elle montre l’hubris, le péché… il faut qu’elle existe.

Ceci dit, l’élixir de jouvence est une métaphore. Il s’agit d’abolir le temps pour pouvoir apprendre un maximum de choses. Vivre longtemps pour faire quelque chose d’important. La vie longue est le temps donné à l’alchimiste pour la recherche. Pourquoi Noé a-t-il vécu jusqu’à 800 ans ? Parce qu’il avait des choses à faire ! L’alchimiste ne cherche pas l’immortalité, ça c’est la quête des prédateurs. La quête ultime de l’alchimiste c’est transcender le multiple, l’illusion pour retrouver l’un, Dieu.

BK : Pourquoi MAISON FLAMEL et Maison 12 existent ?  A quelle fin ?

SZ : Ma marque rajeunit de 5 ans. J’ai envie de rajeunir le monde entier.

BK : Maison Douze est une maison de parfum astrologique parisienne haut de gamme. Vos 12 parfums sont construits en fonction des 12 signes du zodiaque. Vous offrez d’ailleurs à vos clientes une consultation astrologique lors du choix du parfum. Y a-t-il un lien entre alchimie et astrologie ?

SZ : Le lien existe mais n’est pas facilement compréhensible. L’astrologie et l’alchimie ont une sémantique et un vocabulaire communs. Il y des plantes, des pierres, des minéraux et des associations non fortuites. Vénus par exemple c’est le cuivre, la balance et le taureau, etc.  Il existe de nombreuses correspondances. L’astrologie et l’alchimie cherchent à atteindre le même but par des chemins différents.

BK : Comment décririez-vous votre esthétique ? Est-elle aussi influencée par la culture arabe dont vous êtes à moitié issu (vous êtes franco-libanais) et qui a par ailleurs fortement marqué le monde l’alchimie entre le 13ème et 16ème siècle ?

SZ : Elle évolue au cours du temps, elle évolue avec mon identité. C’est un équilibre subtil entre le fait que je suis parisien (le minimalisme, l’art déco, etc.) mais il y a aussi les inspirations du Moyen Orient où les choses sont belles juste parce qu’elles sont belles,  et chères, et  précieuses, et généreuses…

Par exemple au début de MAISON FLAMEL j’ai fait le sérum cuivre, or, etc. Moi je trouvais que le design était assez minimaliste :  le petit laquage sans fioriture, la police grande que certains ont copiée par la suite, les noms de gammes à 2 ou 3 caractères… Je sors le miel micellaire :  c’est une orgie de générosité. ça sent le miel, c’est dégoulinant, on en met partout, c’est le liquide sacré, de l’or. Ma meilleure vente en volume. On me disait : «  On voit l’orient, l’univers tellement généreux… » et moi : «  Quoi ! on voit l’orient ? je suis démasqué ! ». (rires). Aujourd’hui si j’ai envie de mettre de l’or partout, j’en mets ! J’y vais dans la couleur, le parfum, la texture. Je l’assume, l’exprime, l’explore, me réconcilie avec , le fais avec beaucoup de joie et sans complexe.

BK : j’avoue que vos produits ont une forme de luxuriance, une grande sensorialité . Votre tout nouveau exfoliant Caviar H20 avec ses perles de bambou et de papaye me fait craquer. Et ces senteurs ! Parlons odeurs ?

SZ : Les odeurs communiquent. Une petite histoire pour l’illustrer. Je commence à travailler sur Maison Douze, ma marque de parfums qui offre à chaque signe astrologique sa signature olfactive. Je me mets à rechercher des investissements auprès d’amis. Rendez-vous au café Flore à Paris. J’avais sur moi des échantillons . Arrive le Scorpion (le scorpion renvoie à la mort et à la résurrection en alchimie mais il symbolise aussi l’argent des autres, ce que l’on prend à l’autre).

Je vaporise le parfum sur une petite touche. A ma droite un inconnu se penche et me demande ce que c’est. Je lui réponds, un brin agacé par son indiscrétion : « vous voyez bien que c’est du parfum ! ». Le serveur s’arrête lui aussi. « c’est envoûtant ». S’en suit une petite parenthèse enchantée. Je parle de MAISON FLAMEL au Bon Marché. Après quoi l’inconnu m’annonce investir 20 000 euros dans le projet (ce qu’il a effectivement fait) ! La rencontre avec cet homme s’est avérée grâce au parfum du scorpion.  Qui est le parfum de ce qu’autrui nous laisse. L’odeur a un réel pouvoir.

BK : Pourquoi l’odeur a-t-elle ce pouvoir ? 

SZ : C’est  toujours la question du pré-texte.  De l’intention qu’on y met. Quand j’ai conçu  le parfum du scorpion je me suis inspiré  d’une femme scorpion qui a une énergie de survie et de « prédation » extraordinaires. Elle adore les hommes ! Je l’ai mise dans le parfum. En le vaporisant , cela a créé une situation placée sous le signe du scorpion.

Je le répète, les parfums ont un pouvoir. On met le symbole, l’intention dans le symbole, on l’encapsule, cela devient un talisman, une chose magique.

BK : Que dit le sillage d’une personne ? Que doit sentir un/une CEO par exemple 😊 ?

Ma grille de lecture c’est le signe astrologique.

Il existe des correspondances linguistiques et sémantiques entre les matières, les parfums et les signes. Les signes sont des incarnations, une façon d’être. J’associe le CEO à un charisme construit par l’expérience, l’expertise… Il y a quelque chose de ‘capricornien’ dans le CEO. Des senteurs terreuses, boisées, (conifères comme le sapin qui résiste à l’hiver), le lierre, la pensée, l’iris, la violette qui expriment cette énergie spécifique.

BK : Samer Zakharia, merci de m’avoir accordé ce moment. Parenthèse enchantée pour moi aussi !

SZ : Merci à vous !

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MAISON FLAMEL au Bon Marché 24 rue de Sèvres 75007 Paris

L’Athanor, 12 rue de l’échaudé 75006 Paris

Spa Hôtel Bel Ami par MAISON FLAMEL  7 rue Saint-Benoît 75006 Paris

@maison.douze

@maison.flamel

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