Numbers game

Chiffres et nombres : de sacrés numéros ! Ils peuvent enrichir notre communication. Mais pas comme on le croit.

15641 KWh. Le nombre s’affiche sur le compteur Linky de ma fille. Apparemment inouï au regard de ses usages, nous prévient l’agent EDF. Y a-t-il un problème d’isolation ? De quand date la création de l’immeuble ? Je raccroche le téléphone, un brin déconcertée. Ma « to do list » s’allonge au fil des heures.

J’avise la bouteille de Volvic en face de moi. Sur l’étiquette verte, un 1,5 L rutilant se détache. J’apprends d’autre part que depuis plus de 15 ans, Unicef et Volvic ont amélioré la qualité de vie de milliers d’enfants en leur donnant accès à 913 points d’eau potable en Afrique. Notification soudaine de mon portable : mon temps d’écran journalier a diminué de 79% par rapport à la semaine dernière. Je consulte rapidement un article dans le Monde : une bannière de Zendesk m’invite à réduire de 80% le coût de mon support client. Je ne comprends absolument pas ce dont il est question. Plus clair en revanche : le « tsunami d’inflation » annoncé pour 2023 . Des bonbons Haribo en hausse de 26 %, des plats traiteurs Marie en progression de 15 %, des poulets Le Gaulois ou Maître Coq à + 10 %, des jambons ou des pâtés de Bresse à + 7 %.

Mon indice de tolérance s’affole : il passe officiellement en dessous de 0.

1.

Mombre et Tyrannie.

Mombre.

Dédale de chiffres et de nombres. Notre civilisation « analytico-numérique » s’en  repait ; une manière de garder le contrôle sur un réel dont le sens se liquéfie ? Vous rappelez-vous les premiers confinements de 2020, où nous vivions au rythme du nombre de morts et de cas quotidiens, hebdomadaires, mensuels, annuels ? Souvenez-vous de la barre macabre des 100 000 morts du covid en France, aujourd’hui oubliés. Remplacés depuis par ceux d’Ukraine et de Russie… Vestiges et vertige de chiffres !

Les 500 000 Euros du contrat McKinsey sur l’évolution du métier d’enseignant facturé à l’éducation nationale ;

Les 2m03 d’Andries Noppert, le joueur le plus grand de la coupe du monde Qatar 2022 ;

Les 2,7 millions de bulles contenues dans 1 litre de Coca-Cola ;

Les 1,1 million de personnes en moyenne ayant regardé chaque soir le nouveau show d’ Alain Chabat…

Qu’ils viennent enrichir nos stratégies de contenus (je plaide coupable), crédibiliser/étayer nos propos, mettre en lueur/dramatiser un fait, ou mesurer une performance, nous nageons dans des chiffres et des nombres. Importants ou futiles… Combien déjà ?

Ils nous imposent leur diktat. Font souvent office de preuve irréfutable. D’argument irrépressible. Les chiffres traduisent le sérieux, la maitrise, l’expertise, l’autorité. On s’écrase devant leur toute puissance. Ils nous clouent le bec à moins qu’on leur oppose d’autres chiffres comme une contre-gifle 😊 (cf. débats épiques des candidats aux élections présidentielles ou chiffres des manifestations faisant l’objet d’un véritable pugilat : chiffres de la CGT vs. chiffres de la police…).

Olivier Rey (philosophe), le retranscrit magistralement :

« Au commencement était le verbe, il semble qu’à la fin tout doive devenir nombre. Là où étaient les mots, les chiffres adviennent (ou les courbes, les cartes, les diagrammes qui en sont tirés). Les nombres deviennent les ultimes garants de la réalité et non seulement calibrent le monde, mais colonisent jusqu’à l’intime. » in Quand le monde s’est fait nombre.

C’est bien cela : le monde devient mombre 😊 ! Monstre ?

Tyrannie.

Conscient du pouvoir des chiffres et des nombres, nous faisons de leur manipulation et/ou de leur communication un savoir-faire. Un enjeu stratégique, parfois politique. (les articles sur la manière de communiquer les chiffres efficacement abondent; les chiffres ronds confèreraient une impression de supériorité technique par exemple… alors n’hésitez pas, allez-y à fond!).

Ainsi Les chiffres deviennent-ils d’éminents sophistes. Et l’humanité se prosterne aux pieds de ces dieux qui nous gouvernent… pour comptabiliser, évaluer, quantifier, jauger, soupeser.

Gouvernance ou de tyrannie ? (Les liens entre totalitarisme et quantification ont souvent été mis en exergue. Il suffit de penser à l’obsession Stalinienne -largement documentée- pour les statistiques et l’instrumentalisation de celles-ci).

Dans tous les cas, il est question d’Hubris. « Démesure de la mesure » !  Les chiffres habilitent la prise de décision d’accord. Cependant attention à la dérive possible. Considérés comme une fin(alité) absolue, ils achoppent à saisir le réel, à prendre en compte le vivant. Ils « s’éloignent du sensible, se décorrèlent des émotions » nous rappelle prudemment Dominique Steiler, directeur de la chaire paix économique de GEM. Les chiffres devraient rester des outils à notre service. Non pas nous asservir ou déshumaniser ! Assurément.

2. Tout est nombre!

Monde parallèle?

Obsédés par la performance -nos kilos perdus ou gagnés, nos kilomètres parcourus/non parcourus, nos unités vendues/invendues, nos followers gagnés/perdus. – nous considérons uniquement la dimension numérique et quantifiable des chiffres/nombres. L’inflation qui sévit actuellement n’arrange rien.

Nous en oublions leur aspect symbolique voire métaphysique ! Parfaitement : métaphysique. Au-delà du physique et parfois du visible.

Pour les mathématiciens par exemple, l’ensemble des entiers naturels tout comme celui des nombres premiers sont « des ensembles logiquement infinis donc inaccessibles, en totalité, à toute expérience sensible ». En janvier 2016 d’ailleurs, ceux-ci ont découvert un nombre premier comptant plus de 22 millions de chiffres…. Il leur a apparemment fallu mobiliser 800 ordinateurs pour réaliser cette prouesse ! 

Où se cachait donc ce nombre ? Il y en a forcément d’autres, inconnus de nous, menant leur existence paisible, devisant ici et là, à quelque hauteur. A-Ah.

Les entiers naturels « échappent, de ce point de vue au sujet connaissant  rappelle K. Popper. C’est un monde autonome qui peut se passer de lui, qui existe hors de son contrôle ».

Tout aussi révélateur selon moi : Au 12ème siècle, le mathématicien indien Bhaskara démontre que 1/0= L’infini, révélant l’équivalence/relation intrinsèque entre le vide, le rien et… le tout.

Chiffres et nombres font donc signe vers une réalité autre, persistante, indépendante de nous. Laquelle ? A décrypter.

Et si les chiffres communiquent, que disent-ils vraiment ? Comment les appréhender autrement qu’un outil de mesure ?

Le Tout-nombre.

Freud était absolument fasciné par les chiffres. « Je me suis aperçu que tout ce qui arrivait dans le monde réel avait son équivalence dans le monde des nombres » écrit-il à un ami. A ses dires, lorsqu’une personne dit « 2113 », chacun de ces chiffres renverrait inconsciemment à un élément de son vécu! Au-delà de  l’anecdote, Freud s’inscrit dans une longue tradition avant lui.

L’Encyclopedia universalis : théorie du nombre souligne ceci :

« Dans la plupart des civilisations parvenues au stade de l’écriture, les nombres entiers ont, dès l’origine, été liés à des pratiques religieuses ou magiques, et leurs propriétés ont exercé une sorte de fascination sur les esprits, qui est loin d’être disparue de nos jours, où la « numérologie » conserve des adeptes ; il n’est donc pas étonnant que ce soit au sein de l’école pythagoricienne, imbue de mysticisme, qu’ait débuté l’étude scientifique de ces propriétés. Cette école entendait d’ailleurs mener de front les développements de la géométrie et de l’arithmétique en une « arithmogéométrie » où certains types de nombres étaient associés à des figures(…) ».

Pythagore justement. Le mathématicien philosophe (du pareil au même). Dont beaucoup en font le père de la numérologie moderne. Qu’on y croit ou pas, la formule célèbre de l’école Pythagoricienne tinte à nos oreilles : « Tout est nombre ». Le cosmos serait régi par les nombres entiers (les Dieux en auraient décidé ainsi). Ceux-ci constitueraient l’essence, la matière de toute chose. Connaitre le nombre d’une chose reviendrait donc à connaitre la chose même. Tout ce qui existe est nombre. Sons musicaux compris. Le mathématicien s’attachera même à faire entendre ces nombres par un instrument : le monocorde !

Des chiffres et des lettres.

Nous sommes en 580-500 avant JC. Rien d’étonnant à cela. Pourquoi ?  A cette époque, les lettres grecques sont également utilisées comme chiffres. Ainsi alpha =1, beta =2, etc. Tout chiffre/nombre peut donc se traduire en mot et tout mot en chiffre/nombre. Logique non ? D’où la correspondance entre nombre, mot et chose. Pythagore associe par exemple le 1 à l’essence, le 2 à l’opinion, etc. Certains chiffres sont masculins (1 et 2), d’autres féminins (3 et 4), certains sont virginaux ! à l’instar du 7 (euh, là, la logique m’échappe franchement) 😊….Bref, l’univers = le nombre, le nombre = l’univers… donnant à penser qu’une signification profonde est à trouver dans les chiffres et les nombres.

Ils parlent ! Plus, ils révèlent.

Idem pour l’alphabet Hébreu : les lettres y ont également une valeur numérique .  De 1 pour « aleph », la première lettre, à 400 pour « tav », la dernière lettre.  

« Les valeurs numériques deviennent alors des révélateurs de sens seconds, cachés, appels à interprétation supplémentaire, à des regards neufs et innovants. ». 

D’où la « gématrie », interprétation des textes de la bible hébraïque via un système de numérologie.

Selon ce principe par exemple, le chiffre mythique de la bête, révélé dans l’apocalypse de Saint Jean, correspond à un nom : Caesar Nero ! Vous avez bien entendu, Néron, l’empereur fou.

« Que celui qui a de l’intelligence déchiffre le nombre de la bête. Ce nombre représente le nom d’un homme, c’est : six cent soixante-six ».
 

Je ne sais pas pour vous mais je trouve cela absolument fascinant.

Dans ces conditions, qu’une mystique des chiffres et des nombres se soit développée en même temps qu’une puissante symbolique n’a rien d’étonnant. Poursuivons.

7, 40, 108, 9, 99, 4, 153

La Bible regorge de chiffres et de nombres symboliques puissants : le 7 (création du monde et accomplissement mais aussi les 7 péchés capitaux), le 3 (la trinité, le Christ ressuscite le 3ème jour), le 40 (40 ans d’errance des juifs dans le désert, 40 jours de tentation pour le Christ), le 12 (chiffre du peuple, 12 tributs d’Israël), le 1 (l’unité, la perfection, la divinité), le 153 (la pêche miraculeuse).

Le Coran n’est pas en reste et fait la part belle au 7 : 7 tours autour de la Kaaba, on dénombre 7 cieux, 7 terres, 7 enfers, 7 portes au paradis… Le 9 joue également un rôle clé : Les 99 noms de Dieu…. Chaque culture possède son panthéon des chiffres et des nombres. Dans la tradition indienne, le 9 est le chiffre de Brahma, le principe créateur, le 108  (1+0+8=9 ) s’avère d’autre part un nombre récurrent (les 108 noms de Ganesh, les 108 gopis -gardiennes de vaches- de Krishna). En Afrique de l’Ouest le 3 et le 4 représenteraient le principe féminin et masculin et inversement…

En revanche honni le 4, associé à la mort (même prononciation « Si ») dans toute l’Asie du Sud Est. Le 0 a longtemps été considéré comme hérétique voire diabolique en Occident (le vide n’existe pas, cette idée remet en cause Dieu). Le 17 ? Absolument détesté par les italiens et considéré comme maudit. Nous connaissons tous les avis contrastés autour du 13 dans le monde !

Sans oublier les chiffres des maillots de joueurs de football ou de basket. Le 1? Généralement attribué au gardien de but. Intéressant non? Son rôle est unique et clé. Le 7? Réservé aux légendes, à l’instar de Ronaldo.

Bien sûr chiffres et nombres sont des signifiants incroyables. Un brin magiques. Le club 27, cela vous dit quelque chose? Il inclut ces icônes trop tôt disparues. 27= 2+ 7= 9, le chiffre de l’homme, de son accomplissement et sa fin!

3. Chiffres & Identité de marque

Symbolique des chiffres.

A ce point de la lecture (à moins d’avoir succombé à l’épuisement) votre tête est remplie de chiffres, de questions, de récriminations peut-être ! (quest@2ruesaint-georges). Je ne prétends pas épuiser la totalité de ce sujet abyssal. Je vous convie  à concevoir et à utiliser les chiffres un peu différemment.

Ainsi pourquoi ne pas les intégrer à votre branding ? Vous appuyer sur la profonde richesse de leur champ sémantique ?

Exemple simple. Ma marque se prénomme 2 rue Saint-Georges. Que recèle ce 2 ? A dire vrai, il y a beaucoup de l’expérience Freudienne dans l’histoire de ce nom ! Explication. Je me réveille un matin, il y a deux ans, avec ce nom aux lèvres. J’ai par la suite essayé de comprendre ce qui s’y nichait. Le 2 ? L’intégration des contraires, collaboration (j’ai souvent été un loup solitaire), mais aussi l’arcane de la papesse qui porte le numéro 2 dans le tarot et me ressemble à s’y méprendre. Ça , c’est une partie de l’explication. Pour le Saint-Georges, rendez-vous sur la page d’accueil de mon site. 😊

Cette petite anecdote nous renvoie à la magie des chiffres et à l’impact que ceux-ci peuvent avoir sur une identité de marque. Ils véhiculent en effet des symboles forts venant asseoir/créer un univers. Ci-dessous un aperçu succinct, un brin caricatural, de leur interprétation. Histoire de vous donner une petite idée. Attention, celle-ci peut varier en fonction du contexte culturel. Approfondissement requis !

  • 0 : mystère, chiffre et nombre, tout et rien, début et fin, potentialité, œuf cosmique, l’ouroboros
  • 1 : Commencement, singularité, unité, masculin, individualité , l’esprit agissant
  • 2 : Union, collaboration écoute, maternité, féminin, mais aussi dualité/ polarité et équilibre : yin  yang, jour & nuit, etc.
  • 3 : Création, spiritualité, trinité (corps, esprit, âme), achèvement, totalité
  • 4 : Stabilité, équilibre, 4 éléments, réalisation, ordre, terre
  • 5 : 5 sens de l’homme, changement, mouvement, exploration
  • 6 : Beauté, amour, perfection, harmonie, équilibre
  • 7 : Perfection, sacré, spiritualité, création
  • 8 : Plénitude, infini, abondance, pouvoir, matérialité
  • 9 : Fécondité, naissance, aboutissement/accomplissement

Toujours pas convaincus?

Loin d’être neutre!

Pensez d’autre part à ces marques construites à partir de chiffes et de numéros. Chanel N°5 iconique voyage sensoriel. Dans un autre registre, Coke 0, 7up, Four Seasons (pouvoir, élégance, stabilité), Formula 1 (leadership, excellence, unicité), Boeing 707…. Le jean 501 de Levis, une coupe signature, indémodable, Le Fou 21, parfum de Dolce & Gabbana, exploite les caractéristiques de ce chiffre : l’esprit autonome, libre, pur.

Chiffres et nombres confèrent une personnalité à votre identité de marque voire une perception de qualité ou de technicité supérieure. Ainsi, le système alphanumérique est souvent utilisé pour des variantes, des séries, des innovations. Mettre en scène des attributs techniques. Le moteur V12 exprime la puissance… Chacun des téléphones de la gamme IPhone a son image. IPhone 12, IPhone 14. Idem pour les BMW,  BMW M2, M3 etc…

Les crèmes de soins aussi ! De ferventes clientes des chiffres. Skin 111, Lunar 28, Sérum H2o, etc. Il est également démontré qu’intégrer un 24 pour une marque de déodorant ou 360 pour une enseigne de logistique accroit la perception d’efficacité (24/7). Une fois encore, chiffres et nombres viennent renforcer la promesse de marque.

Du reste, une étude réalisé par K. Gunasti et T. Ozcan en 2016 le démontre avec force :  la préférence de marque augmente et l’offre produit est perçue comme plus complète lorsque le nom de marque contient un multiple de 10. (consumer reactions to round numbers in brand names). Les numéros se terminant par 0 sont par ailleurs associés à une disruption positive.

Mais il ne s’agit pas là seulement de naming produit.

Etendez cette réflexion à votre vision, vos  présentations, stratégies ou même supports de communication…Imaginez-vous combien vous y trouveriez matière à différenciation ?

Alors oui, les chiffres parlent d’eux-mêmes.

Et si vous les faisiez vraiment compter ?

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BONUS

Le saviez-vous ? En 11 points.

  • 7, 11 et 13 sont les chiffres préférés au monde, selon une étude réalisée par le mathématicien Alex Bellos  pour le compte du Guardian en 2014.
  • Les chiffres ont un sexe : 2,4,6,8 sont associés au féminin contrairement au nombres à deux chiffres ou au 1, 3, 5, 7, 9
  • Les chiffres impairs connotent la force, l’indépendance, la combativité vs. le pair, plus relationnel
  • Le nombre d’or, découvert dans la haute antiquité est : 1,618. Celui-ci est censé représenter l’harmonie divine
  • Le nombre de l’homme est le 9 (fin et recommencement) et celui de Dieu le 7
  • Entre 2019 et 2022, le 22, le 26 et le 31 sont les numéros sortis le plus souvent au loto
  • Les 16 chiffres apparaissant sur votre carte bancaire ont été formés par l’algorithme de Luhn
  • 21 : On tire vingt-et-un coups de canon à l’avènement d’un nouveau président de la République ou la réception de chefs d’État en France. Le poids supposé de l’âme : 21 grammes 😊
  • L’aversion du chiffre 13  se nomme la triskaïdékaphobie et celle du chiffre 4 tétraphobie
  • Ground 0 : le nom du site à New York où se trouvaient les deux tours du World Trade Center, détruites après l’attentat du 11 septembre. Allemagne Année Zéro, le nom du film de Rossellini sorti en 1948
  • The 7 Day Theory est le dernier album studio de Tupac Shakur, publié 2 mois après sa mort. Composé en 7 jours, il a donné lieu à de multiples conjectures. Tupac aurait dû ressusciter le 07 juillet 2007 (07/07/07) 😊

Bref rappel

Chiffre : symbole mathématique de base auquel on associe une valeur numérique. Dans la symbolique arabe utilisée en France, il n’existe pas plus de 10 chiffres : 0, 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 et 9. Les chiffres servent à écrire des nombres.

Nombre : ils représentent une quantité ou une valeur. Ils sont écrits à l’aide des dix chiffres ci-dessus. Il en existe une infinité.

Numéros : codes composés d’une série de chiffres ou de nombres. Ils indiquent une place dans une série. Voilà.

Petite histoire

D’où nous viennent les chiffres sous la forme que nous leur connaissons ?

Les chiffres dits arabes pénètrent au 12ème siècle en Occident via la traduction en latin du traité de calcul de Mohammed ben Mouça-AI-Khârismi (dont le nom latinisé donnera algorismus, algorithme). Le mot chiffre est d’ailleurs un mot arabe « sifr » signifiant zéro/vide.

Mais en fait les Arabes les tiennent eux-mêmes de l’inde !  Le livre du grand Al-Khärismi n’est autre que la traduction d’un manuel (aujourd’hui perdu) offert par une délégation indienne au calife de Bagdad vers 830.  Du reste, c’est aussi un savant indien prénommé Brahmagupta qui inventa le 0 dès le 5ème siècle…

Ainsi sont introduits un nouveau système de numération mais également une graphie (représentation des chiffres). L’invention de l’imprimerie contribuera à les diffuser, sans compter le travail d’émérites mathématiciens (Gerbert d’Aurillac, Fibonacci entre autres).

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