Chapeau
L’idée de monde virtuel ne sort pas d’un chapeau. Le mot « métaverse » apparait dans les années 90-92 avec Snow Crash, l’ouvrage de Neil Stephenson. Celui-ci présente un univers virtuel parallèle. Ensuite des amorces de métaverse apparaissent avec le gaming en 2000 (les Sim’s et Second life). Le cinéma a largement exploré cette notion. Parmi les films culte, Tron (1982), Matrix (1999), Minority Report (2002), Inception (2010), Avatar (2009), Ready Player One (2018). L’idée de monde virtuel fait son chemin depuis un bout de temps ; son rythme s’est accéléré il y a trois ans.
En novembre 2021, 21% des français en ont entendu parler, en janvier 2022, 40% ! Idem pour les américains : 55% d’entre eux ont entendu parler au moins d’une plateforme métaverse comme Roblox par exemple. Parmi ces 55%, 80% l’ont utilisée et sont capables d’en donner une définition précise. Les cryptomonnaies, la blockchain ont explosé en termes de mentions. Horizon Worlds (le métaverse de Méta) vient d’arriver en Espagne et en France (août 2022) …
Bien sûr si l’on demande au commun des mortels, on n’en est qu’aux prémices, tant au niveau de la compréhension des utilisateurs qu’au niveau de l’offre. Cela reste un concept abstrait pour la plupart et selon les générations. Mais on observe une progression fulgurante sur ces notions-là, c’est certain. Qui va l’utiliser en premier ? C’est toujours les ‘early adopters’ : ils ont une appétence pour la technologie. Ce ne sont pas forcément des geeks d’ailleurs.
5000
A horizon 2030, McKinsey estime la valeur potentielle du métaverse à 5000 milliards de dollars. Les investissements ont plus que doublé entre 2021 et 2022, passant de 57 à 120 milliards de dollars. L’on envisage d’autre part que + de 15% du revenu des entreprises proviendra du métaverse dans 5 ans.
Métaverse
Ce qui est intéressant et c’est la différence par exemple entre le « Second life » de 2003 et aujourd’hui : le métaverse se présente comme une économie à part entière : le développement des cryptomonnaies et des Nfts fait que l’on peut acquérir des biens, les vendre, investir, spéculer, créer de la valeur. Il y a un intérêt financier majeur pour tous les acteurs.
Pétard mouillé
Pourquoi ? Plusieurs facteurs.
D’abord la technologie : elle ne permet pas encore d’accueillir des millions d’utilisateurs simultanément en temps réel. Il faut de la puissance informatique, de la puissance de réseaux, de calculs… Cette puissance énergivore, on ne l’a pas encore.
Ensuite, parce que les gens ne disposent pas forcément de casque de réalité virtuelle. Il coûte cher : entre 300 et 500 euros ! Et il le restera tant que l’adoption ne sera pas massive, que la technologie n’aura pas avancé. Classique. On l’a vu avec les Playstations et les smartphones.
A côté du facteur prix et de l’accessibilité de la technologie, il y aussi le sujet de la performance de la technologie. Pas optimale du point de vue de l’expérience. Et les expériences déceptives représentent un vrai frein.
L’absence de régulation et la décentralisation créent d’autre part des dérives possibles : contrefaçon pour les marques, protection des données, cybercriminalité, identité numérique, problématiques d’ordre psychologique (comportement addictif, etc.) et éthique, protection des publics sensibles comme les enfants…
D’où un certain scepticisme…Ce qui n’empêche pas le développement de la technologie. Le passage du Minitel à Internet a engendré les mêmes questions ! Le métaverse ne sera pas le même dans 20 ans. En revanche il sera là.
Bull & Bear
Un « Bull market » (taureau qui fonce) = un marché en pleine croissance où les cours augmentent. Un « Bear market » (ours qui hiberne) = un marché en récession ou en stagnation, avec une baisse du prix des actions.
Après les performances exceptionnelles de fin 2021 où le Bitcoin atteignait son ATH -All Time High, la valeur la plus haute jamais atteinte par une cryptomonnaie- à 68 979 $ et la capitalisation totale du marché dépassait les 3 000 milliards de dollars, on se trouve aujourd’hui dans un contexte de bear market.
L’éclairage des médias a un peu brouillé les pistes. « Est-ce que le métaverse est une fausse bonne idée » ? « La bulle a déjà éclaté » … Alors qu’on n’en est qu’à la phase d’explication, de compréhension, de clarification. Il ne faut pas avoir peur, c’est un cycle naturel. Ces périodes nous permettent de travailler sur le long terme.
En plus, Le « Bear market” ne va pas durer éternellement. Cela changera et repartira ! C’est le bon moment pour réfléchir et se préparer.
Ecosystème
Les NFT, la cryptomonnaie, la blockchain sont essentiels pour comprendre l’écosystème métaverse. La cryptomonnaie, c’est la monnaie d’échange virtuelle pour effectuer les transactions marchandes, les NFT sont les objets virtuels que l’on pourra acheter avec cette monnaie, la blockchain, c’est la technologie informatique qui supporte l’ensemble, et le métaverse c’est l’environnement naturel dans lequel on évolue pour accomplir ces actions. Tout est lié.
Un ou des
Que va-t-il se passer ? On va enfiler son casque de réalité virtuelle et aller dans un métaverse pour travailler, dans un autre pour jouer, dans un autre pour voyager, apprendre…
Tout l’enjeu tient en un mot : interopérabilité. Des passerelles vont habiliter le passage d’un métaverse à un autre, permettre de conserver et/ou véhiculer le bagage que l’on a dans l’un pour ne pas perdre ses données dans l’autre… Les grands acteurs du métaverse planchent sur cette notion clé. Une des raisons d’être d’ailleurs du Metaverse Standards Forum (Epic Games, Microsoft, Meta, Nvidia, etc…) lancé en juin 2022.
Orthographe
« Metaverse », c’est le métaverse en anglais. Le Métavers c’est en français. Mais le français l’écrit aussi « métaverse » avec un accent et un e. Tout se dit 😊
M2
Les parcelles ou « land » (le terme en vigueur) sont des NFT achetés en cryptomonnaies. Des agences immobilières spécialisées 3.0 voient le jour. Plus de la moitié du marché immobilier se trouve dans The Sandbox (3/4 des ventes de terrains, 62% des terrains disponibles). Les parcelles y sont les plus chères. X 300 en 2 ans. Il y a d’autre part un nombre limité de parcelles. Par exemple Decentraland en a 90 000 (taille d’une parcelle 16m X 16 m), The Sandbox, entre 150 à 160 000 (taille d’une parcelle 96 m X 96 m).
C’est la prime à celui qui va acheter sachant que, comme dans la vie réelle, la valeur dépend de l’emplacement de la parcelle dans le métaverse… Si vous souhaitez par exemple acheter le terrain contigu au manoir de Snoop Dogg dans The Sandbox, vous devrez débourser approximativement 400 000 dollars vs. Un terrain moyen : 12 000 dollars.
Les acteurs jouent sur la raréfaction. Les acheteurs veulent également spéculer… faire de ces parcelles des zones de commercialisation de biens.
Gamification
La gamification ? Un facteur clé d’adoption.
De fait, l’industrie des jeux vidéo, la plus avancée technologiquement, peut offrir l’expérience la plus qualitative. Au contraire de nombreuses solutions existantes qui s’avèrent déceptives car la technologie fait défaut. Raison pour laquelle le développement du métaverse est intrinsèquement lié au gaming.
Ceci dit, réduire le métaverse/les métaverses au jeu vidéo/gaming revient à en limiter drastiquement les utilisations. Oui, clairement les gamers sont une cible naturelle et historique du métaverse.
Mais concrètement, que va-t-on y faire ?
On va jouer bien sûr mais on va aussi avoir une téléconsultation médicale, prendre un cours à distance, voyager virtuellement, faire des achats, rencontrer ses amis et de nouvelles personnes, assister à des évènements : festivals, concerts, etc… Aujourd’hui, c’est ce que l’on imagine (tout n’est d’ailleurs pas encore accessible) ; d’autres usages vont s’inventer, se généraliser.
Poil au menton
Genre
Les lignes vont bouger là aussi : en 2022, The Sandbox crée par exemple, en collaboration avec World of Women, la WoW fondation dont l’objectif vise une plus grande représentation des femmes dans le secteur des NFT et des métaverses. 25 millions de dollars de dotation, étalés sur 5 ans. Des initiatives similaires verront le jour ! La campagne « Real Virtual Beauty » de Dove le montre.
Avatar
La représentation numérique de chacun. On existe dans le métaverse via des avatars. Du moins aujourd’hui, cela se présente comme ça. Le graphisme des avatars varie selon les différentes plateformes. Sur Horizon Worlds par exemple, les avatars n’ont pas de jambes, ce qui a suscité un véritable tollé 😊et sera changé prochainement, à en croire les déclarations du groupe Méta.
Il faut aussi noter que nos identités pourront également s’étendre numériquement en fonction des univers, qu’il s’agisse de métaverses photoréalistes (on parle de metacities) ou de métaverses imaginaires, plutôt gaming, parfois psychédéliques. On aura ainsi la possibilité, à partir de zéro, de définir qui l’on souhaite être : un monstre, un papillon et un homme barbu de 34 ans ou 102 ans tout à la fois…
Accès
Comment accéder au métaverse ?
1. Avoir un casque de réalité virtuelle ou des lunettes intelligentes de réalité augmentée.
2. Installer les applications et les jeux.
3. Créer son avatar.
4.Commencer à interagir avec les autres utilisateurs. (discussions, jeux, concerts virtuels…)
On peut aussi y accéder sans casque de réalité virtuelle via son ordinateur, sa tablette, son téléphone. Mais ne vous attendez pas à une expérience immersive à 360 degrés ! Le principe même du métaverse -tel qu’il est envisagé et représenté- est lié à son aspect immersif. A l’évolution du web. L’aspect immersif sans le filtre d’un écran.
Géographie
Les initiatives émanent de partout et ne sont circonscrites à aucun pôle géographique.
Aujourd’hui Demain
Aujourd’hui le métaverse, ce sont des expériences sociales au sein de jardins clos, les jeux vidéo (ce qui cible un public spécifique) ou des produits adaptés aux crypto natifs, axés sur les biens immobiliers virtuels. Demain, une multitude de métaverses interconnectés ouvrira les possibles.
Aujourd’hui, on est dans le « PR tool », le coup de com…Mais aujourd’hui ne signifie pas demain. Il faudra pour les marques s’inscrire dans des projets à long terme avec de la réelle pertinence et une utilité tangible apportée aux usagers.
Pub
Attention ! Il serait illusoire de concevoir la pub au sens traditionnel du terme. Si les installations proposées avec des panneaux d’affichage virtuels offrent une dimension interactive, expérientielle et participative, là cela fera sens. Le point d’orgue de cette expérience utilisateur reste l’interaction.
Gros et petit
Pour moi le métaverse ne représente pas une fin en soi ; il doit faire partie intégrante d’une stratégie globale. La première chose est de réfléchir aux objectifs, peu importe la taille de l’entreprise. Déterminer si cela correspond à son ADN. Ce qu’elle va y faire. Pour quel besoin. Quelle identité. Les bases du marketing s’appliquent aussi à ce nouveau canal !
Si on prend les NFT par exemple, la majeure partie des marques à avoir fait des opérations sont des grandes marques certes mais il y a aussi des PME, même si le ticket d’entrée peut s’avérer relativement élevé.
Autre exemple. L’entreprise ou la marque évolue dans un contexte de B2B, où les rencontres avec partenaires et fournisseurs jouent un rôle important ? On peut imaginer des conférences d’un genre nouveau… il y a mille manières d’imaginer les possibilités. A partir du moment où il y a pléthore de métaverses (Télémédecine, travail, voyage, etc.) et que chacun d’eux répond à des objectifs spécifiques & une audience dédiée, il y a des ouvertures pour les entreprises à tous les niveaux, dans tous les secteurs.
L’essentiel : ne pas mal aiguiller les clients. Rester stratégique.
Si aujourd’hui un. e client. e vient me voir en me disant : ‘on veut créer notre métaverse’, à moins qu’il/elle ne soit un état, avec des dizaines de développeurs et des millions d’euros, je ne le lui recommanderai pas. En revanche, définir sur quel métaverse il/elle doit s’implanter pour faire vivre une expérience utilisateur exceptionnelle à une communauté, là je dis oui. On en revient aux fondamentaux : la value proposition reste au cœur de l’équation.
Quatre pattes
Les marques devront-elles tout réapprendre ? A parler, marcher, compter ?
Apprendre, pas réapprendre. Evoluer pas forcément révolutionner.
Une étude américaine révèle les motivations principales des utilisateurs, par ordre d’importance : vivre des expériences impossibles à vivre dans la réalité physique (41%), communiquer avec les autres (40%), échapper à leur réalité quotidienne (28%). Le point de départ, c’est la notion d’immersion ! Il faut repenser l’expérience utilisateur sur cette base. Elle change la donne, nécessite une adaptation de la communication des marques et des expériences que celles-ci proposent.
C’est un nouveau canal à appréhender avec ses propres codes, même s’ils sont encore en construction. Ces codes, il importe pour les marques de se les réapproprier. D’intégrer le fait de passer de l’outil online à l’outil virtuel. D’inventer de nouveaux formats d’interaction et de communication immersifs qui viendront étoffer l’approche multicanale. D’expérimenter. Mais aussi de conserver les fondamentaux. Quel est le voyage ? L’histoire ?
Substitution
Branding
Second point : les métaverses offrant des univers visuels variés, les marques devront également s’adapter. Univers meta city réaliste ? Univers totalement onirique ou autre ? L’enjeu consistera pour elles à épouser ces discours visuels multiples, tout en conservant leur homogénéité, repérabilité et lisibilité.
D’où l’importance du branding ; car dans le métaverse, les marques font entrer les utilisateurs dans leurs univers et vice versa !
Ce sera d’ailleurs un de nos rôles clés (nous = partenaires conseil des marques). Construire le branding adéquat. Définir le métaverse le plus pertinent en fonction du territoire naturel des marques, de leurs objectifs et de leur culture. Si l’ancrage B2B et corporate de la marque est fort, on ne l’emmènera pas forcément dans un métaverse de gaming avec des monstres, où l’on se trouve dans l’espace. Je schématise. Mais c’est une des problématiques clés pour le branding.
Se préparer
Comment faire ?
D’abord on ne peut pas le faire seul. e. C’est un fait. Alors on s’entoure de spécialistes pour commencer à définir la meilleure voie. Des experts qui comprennent les enjeux, maitrisent la culture, ont une parfaite connaissance de ce qui existe et ce qu’il est possible de faire, au-delà de l’aspect technologique et design bien sûr. Le conseil s’avère clé, même si un travail de veille et d’acculturation peut être mené en interne. La dimension Branding constitue évidemment un élément stratégique et central de la réflexion. Le métaverse sous quelle forme ? Avec quelle identité ? Quel territoire de marque ? Quel discours ?
Il ne s’agit pas de foncer tête baissée. Si les entreprises décident de ne pas s’aventurer dans le métaverse avant 1 an, voire 2, elles peuvent avancer en parallèle sur ces questions. Développer leur vision. Et éduquer leurs propres communautés, qui peuvent également jouer un rôle dans le parcours d’adoption !
Pourquoi?
Moi je suis arrivée là en passant par la porte des cryptomonnaies. De fait on est obligé de comprendre la terminologie complexe, de passer du temps dessus… Puis la notion de NFT est apparue avec le crypto art…. On a déroulé le fil et en le déroulant on est tombé sur le métaverse. On a pris en considération une vision bien plus globale des opportunités.
Mais en fait ce qui me passionne, c’est le futur. Quelle que soit la forme que cela revêt. Ma motivation première n’est pas l’outil, c’est l’évolution des solutions.
COINCEPTION est une agence conseil métaverse et Web 3.0 spécialisée dans les interactions et expériences digitales du futur.